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Ecrivain


Invité Nicodo

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Invité Nicodo

Question sur la communication

Bonjour à tous

Je ne suis pas psychologue ou neuropsychologue et je m'adresse à vous faute d'avoir trouvé jusqu'à présent de forum pour répondre à ma question, qui est purement théorique, pas personnelle du tout. Vous pourriez peut-être me donner une piste pour trouver le bon lieu.

Je rédige actuellement un essai sur un texte qui me pose un problème compréhension qui est dû au fait que l'auteure suppose de nombreux points connus de ses lecteurs et ne les explicite jamais. En fouillant bien le texte il apparait que ces implicites lui sont purement personnels.

Ma question est donc : comment appelle-t-on cette compétence ou cette capacité du locuteur à adapter son énoncé à ce que son interlocuteur a des chances de savoir ou d'ignorer, de croire ou ne pas croire, à ce qu'il est prêt à admettre, etc. ?

Je vais illustrer mon propos par un exemple : un jour un de mes voisins, quelqu'un de plutôt immature, me dit : « J'étais hier soir sur Internet. Je téléchargeais des vidéos, mais j'avais froid ! » (l'histoire se passe en hiver). Sachant qu'il ne possède pas d'ordinateur et qu'il n'a même pas de téléphone filaire pour avoir Internet, je lui demande alors finement : « Vous étiez dans un cybercafé ? Il n'y avait pas de chauffage ? », « Ah, non, me dit-il, je téléchargeais telle et telle vidéo, mais je commençais à avoir trop froid. », « Très intéressant, dis-je, mais vous étiez où pour avoir si froid ? », « J'étais en plein téléchargement mais je commençais à avoir l'onglée. Je me suis dit qu'il fallait que j'arrête. ». La conversation s'est poursuivie sur le même mode jusqu'à ce que, le voyant mimer l'utilisation d'un smartphone, je devine qu'il n'était pas sur un ordinateur aussi je lui dis : « Vous étiez avec votre smartphone ? Vous étiez dehors ? », « Non, me dit-il, mais j'ai dû arrêter, je n'y tenais plus, je suis rentré. » Finalement, à force de questions-réponses, j'ai fini par deviner qu'il était à la gare pour bénéficier du WiFi gratuit et c'est à contre-cœur qu'il a fini par admettre : « Ben oui, évidemment. » À aucun moment de la conversation, malgré mes demandes répétées, il n'a compris qu'il y avait un point que j'ignorais et que je demandais un éclaircissement. Tout le monde dans l'immeuble a ce problème avec lui, ce dont il n'est absolument pas conscient lui-même.

Comment appelle-t-on la compétence langagière qui lui manque ?

On m'a fait déjà quelques suggestions :
* La rhétorique me parait appartenir plutôt au domaine littéraire qu'à la conversation de tous les jours. Le texte que j'étudie est parfaitement rédigé, dans un langage tout à fait classique et plutôt littéraire.
* L'empathie (cognitive et émotionnelle) me semble une condition nécessaire mais n'est pas la compétence question.

Merci d'avance de vos lumières.

Nico

  • Like 1
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Ça me fait penser à la théorie de l'esprit c'est à dire être capable de se mettre à la place des autres et de s'adapter à leurs connaissances, à leurs points de vue, etc.

On peut penser également plus globalement à l'intelligence sociale.

On peut rencontrer ce type de difficulté dans l'autisme, les déficiences intellectuelles, les retards de langage oral, les dysphasies, certaines pathologies psychiatriques, etc.

Il n'y a pas de vérité dans ce que je dis, je me permets juste de transmettre des pistes ...

Bonne soirée et bonne poursuite dans vos recherches.

J'espère que d'autres collègues pourront compléter, infirmer ou valider ces premières idées

  • Like 5

Angéline Lamblot

Psychologue-Neuropsychologue

En libéral sur Saint Paul en Jarez (42)

ADAPEI Loire MAPHA et Jarezio sur Saint Paul en Jarez (42)

https://supercerveau.fr/

 

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Comme Angéline, il me semble que ce qui fait défaut chez cet interlocuteur est bien la perspective de l'autre, qui est souvent déficitaire chez les personnes atteintes de troubles autistiques. Il semblerait qu'il poursuive son récit, sans réellement tenir compte des éléments non connus par l'autre (mais connus par lui), en étant plus auto-centré sur ce qu'il vivait. Je chercherais en effet du côté de la théorie de l'esprit.

  • Like 2

Anne-Marie Cauletin-Gillier                                          
Psychologue-Neuropsychologue Libérale Nice (06)                                                                          
Membre du Regroupement Départemental Neur0ps6
Membre du Regroupement Régional NeuroPsy-PACA
Membre du Comité Expert de l'ANPEIP

Equipe d'Administration du Portail Numérique de l'OFPN (EPN)

 

 

 

 

 

 

 

 

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Invité Nicodo

Merci de vos réponses si rapides.

 

Sauf erreur, je vois l'empathie et la théorie de l'esprit comme deux facettes d'une même faculté, celle de percevoir que l'autre a des états mentaux qui lui sont propres, qu'ils soient cognitifs ou émotionnels. C'est de là que dérivent toutes les compétences sociales, dont la communication dont je parle.

 

Corrigez-moi si je me trompe, il me semble qu'on peut distinguer plusieurs niveaux de cette faculté :

  1. Le premier niveau est la simple reconnaissance du fait qu'autrui a ses états mentaux. C'est à ma connaissance ce dont sont dépourvus les autistes. Communiquer n'a donc pas de sens pour eux.
  2. En second, on a une perception plus ou moins exacte de ce que sont ces états mentaux. D'après mon expérience, l'empathie n'est pas la chose la mieux partagée du monde. La croyance en son empathie si. Quelqu'un que je connais racontais dans un diner de famille son voyage au Japon : « Et puis c'est formidable, les Japonais sont très gais. » Moi qui ai énormément travaillé avec des Japonais et une de mes sœurs qui a une maitrise de japonais et est fourrée au Japon deux mois pas an, nous sautons au plafond. S'il y a une chose qu'on ne pas dire des Japonais c'est qu'ils sont gais. Qu'est-ce qui pouvait donc lui faire dire ça : « Mais si, ils sourient tout le temps. » Cette personne est pour moi un cas extrême : elle possède certes l'empathie de premier niveau, elle sait donc que les autres ont leurs états d'âme, mais ce qu'elle croit percevoir est systématiquement basé sur les critères totalement superficiels et non pertinents et est purement fantasmé. Elle est dépourvue de l'empathie de deuxième niveau.
  3. Le troisième niveau consiste à s'intéresser pour de bon à ce que les autres pensent et ressentent, en leur posant des questions, en les observant, en cherchant à les sentir et surtout en suivant en temps réel ce qui se passe chez eux, quitte à corriger ses idées initiales. Ce n'est pas très partagé.

 

Je ne compte pas le nombre de gens qui croient savoir pertinemment ce que je pense, ce que je ressens, ce que je crois, etc., comme s'ils lisaient à livre ouvert dans mon cerveau. C'est systématiquement faux bien entendu. Par contre je suis toujours surpris, et un peu déstabilisé, par les gens qui ont vraiment deviné mes états mentaux.

Dans un registre différent mais comparable, le génie militaire de Napoléon tenait en grande partie à sa capacité à connaitre l'état d'esprit et les vues de ses adversaires et donc à adapter sa stratégie en conséquence, à savoir les duper, à les manipuler, etc. Si à Austerlitz il a si brillamment battu ses ennemis pourtant plus nombreux c'est parce qu'il avait parfaitement lu dans leur jeu alors que de leur côté ils se faisaient de complètes illusions sur lui, illusions qu'il avait lui-même en partie suscitées et entretenues. Cette victoire est enseignée dans toutes les académies militaires comme un cas d'école sur ce plan. Duper et égarer ses interlocuteurs suppose aussi une forme d'empathie. C'est une communication efficace. Les publicitaires développent ça au maximum. Dans beaucoup de sports il est aussi important de deviner ce que l'adversaire a dans la tête pour anticiper ce qu'il va faire, le duper, le surprendre, etc.

 

À dire vrai mon besoin initial était de pouvoir nommer ce que j'ai envie d'appeler la compétence langagière comme on parle de compétence parentale ou de compétence sociale (l'art d'entrer en contact avec les autres, de se faire des amis, de résoudre les conflits, etc.). C'est l'art de se faire comprendre de son interlocuteur. Toutes ces compétences supposent l'empathie et la théorie de l'esprit mais à mon sens ce n'est pas la même chose.

 

Pour revenir à mon auteure, qui est décédée, je ne peux évidemment pas savoir quelle était son empathie. Son œuvre se déroule dans un univers qu'elle inventé de toutes pièces, entièrement fantasmé, le plus inconsciemment du monde me semble-t-il, dont elle ne donne au lecteur aucune des clés. Pour comprendre ce qu'elle veut dire il faut faire un travail de recoupement assez fastidieux car les termes les plus courants ont chez elle un sens purement subjectif. De nombreux passages sont comme ce que me disait mon voisin : le fait qu'il soit à la gare allait tellement de soi pour lui que ça ne pouvait qu'aller de soi pour moi. Pour la même raison dans ce livre on se gratte régulièrement la tête pour essayer de comprendre de quoi elle veut parler. C'est un travail assez amusant quand même, une sorte d'enquête policière faite de recoupements et de recherche d'indices révélateurs.

 

Nico

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Je ne suis pas une spécialiste mais de prime abord je serais pour ma part allée chercher du côté de la pragmatique du langage.

Mais certainement il y a une part de théorie de l'esprit également là dedans.

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Raphaëlle AMENDOLA

Centre Gérontologique Départemental, Consultation Mémoire - Marseille, Bouches-du-Rhône (20%)

EHPAD Korian Les Fontaines - Barjols, Var (50%)

Formatrice en libéral, enseignante vacataire à l'Université d'Aix-Marseille, Bouches-du-Rhône

 

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Invité Nicodo

Merci Amendola

À ma connaissance la pragmatique est une branche de la linguistique dont l'objet est justement la compétence qui m'intéresse, entre autres, et que faute de mieux j'appelle compétence langagière.

Pour moi, la théorie de l'esprit et l'empathie sont en quelque sorte des méta-compétences : c'est d'elles que dépendent un grand nombre de compétences sociales et relationnelles, sinon toutes. Ce sont les conditions nécessaires pour bien communiquer mais pas suffisantes. Il faut aussi apprendre ces compétence spécifiques.

Nicodo

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