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La démence sémantique - une vidéo


DominiqueC

12 534 vues

Après la synthèse que nous vous avons proposé en juin 2007 (un article paru dans Psychologie & NeuroPsychiatrie du Vieillissement), voici une courte vidéo qui illustre certaines difficultés d'un patient atteint de cette maladie.

Même si leurs noms n'apparaient pas, il s'agit de la même équipe à l'origine de l'article de synthèse sur la démence sémantique. Si je ne dis pas de bêtise, le neurologue présent sur cette vidéo est Serge Belliard, connu pour ces recherches dans cette pathologie.

Pour une revue sur la question, rendez vous ici : http://www.john-libb...?type=text.html

On peut regretter quelques imprecisions mais les documents filmés et francophones sont très rares et dans ce contexte, on ne pourra qu'être heureux de l'initiative !

4 Commentaires


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Il me semble que cette vidéo repose sur un postulat (e.a. celui de Mesulam) qui voudrait que l'hémisphère gauche soit le siège d'une sémantique verbale et l'hémisphère droit d'une sémantique non verbale. Selon cette hypothèse, l'aphasie primaire progressive fluente (APPf) résulterait d'une atrophie progressive du système de sémantique verbale (sans déficits dans les tâches sémantiques non verbales). Toujours selon cette interprétation, la démence sémantique, qui altère les performances dans les tâches sémantiques verbales et non verbales est une APPf + une agnosie et une prosopagnosie.

Cette hypothèse de systèmes sémantiques multiples s'oppose à l'idée d'un seul système amodal. Selon celle-ci, les APPf doivent présenter des déficits dans les tâches non verbales (du moins si l'on teste ces capacités sémantiques non verbales avec des items peu prototypiques et moins familiers) car elles sont en réalité des démences sémantiques débutantes, les démences sémantiques correspondant à l'atrophie progressive DU système sémantique "associatif" (HG et HD).

Il me semble aussi que ce modèle est maintenant plutôt bien argumenté.

Deux références pour info :

A.-L. R. Adlam, K. Patterson, T. T. Rogers, P. J. Nestor, C. H. Salmond, J. Acosta-Cabronero and J. R. Hodges. Semantic dementia and fluent primary progressive aphasia: two sides of the same coin? Brain (2006) 129, 3066–3080.

Timothy T. Rogers, Matthew A. Lambon Ralph, Peter Garrard, Sasha Bozeat, James L. McClelland, John R. Hodges, Karalyn Patterson. Structure and Deterioration of Semantic Memory: A Neuropsychological and Computational Investigation. Psychological Review, 2004, Vol. 111, No. 1, 205–235.

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Merci Bill pour ton intervention, qui peut renvoyer à une discussion très très riche. Je vais répondre de manière plus approfondie un peu plus tard mais je souhaitais réagir sur 2 points avant tout :

- la conception "française" de la démence sémantique (partagée d'ailleurs par Julie Snowden) est bien distincte de celle anglo-saxone, majoritaire(voir à ce propos de nouveaux critères en cours de validation : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pu...d_RVDocSum). On ne parle donc pas toujours des mêmes patients, et ce que l'on peut en retirer n'est donc pas toujours si clair. Dans le papier que tu cites par exemple (Adlamn et al.), au moins 3 patients ont un score de dénomination orale d'image (/64) qui me semble bien élevé par rapport à notre expérience rennaise. De même, au moins deux patients présentent des scores en copie de la figure de Rey qui, même s'ils ne sont pas déficitaires, sont assez faibles, là encore cela m'étonne. Si selon Mesulam, APPf et DS se confondent, cela n'est pas forcément si évident cliniquement, même si la pathologie sous-jacente est le plus souvent la même (voir Alladi et al., Brain 200.

- la notion de sémantique non verbale me semble très délicate. Les papiers anglo-saxons parlent de sémantique non verbale pour en fait évoquer des épreuves réalisées en modalité visuelle. Qu'est-ce-qu'une sémantique "non verbale" ?

Sur ce que la DS nous apprend entre système unique ou multiple, je vous dis à très vite...

PY

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La notion de sémantique non verbale me semble très délicate. Les papiers anglo-saxons parlent de sémantique non verbale pour en fait évoquer des épreuves réalisées en modalité visuelle. Qu'est-ce-qu'une sémantique "non verbale" ?

Exact. De même que l'on peut se poser la question inverse : qu'est-ce qu'une sémantique verbale?

Si l'on accepte l'idée d'une sémantique amodale, il me semble plus plausible de penser qu'une altération de ce système doit effectivement donner lieu à des erreurs dans les tâches verbales et non verbales. Et, dans ce cadre, je vois mal pourquoi on parlerait d'agnosie ou de prosopagnosie chez les DS.

J'attends avec impatience la suite de tes réflexions sur ce sujet.

Merci pour la référence de l'article de Moreaud et al que j'ai retrouvé sur la toile et que je vais de ce pas lire attentivement.

http://www.fredericbernard.com/Moreaud_RNeurol_2008.pdf

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La définition de l'agnosie étant liée à une modalité d'entrée (agnosie visuelle, auditivie, stéréoagnosie...) en effet le terme agnosique en cas d'atteinte d'un système unique devient caduque, on ne peut que partager ton avis. Toutefois, il resterait à démontrer que tous les patients présentant une atteinte sémantique primaire sont affectés sous toutes les modalités, ce qui n'est pas évident à ma connaissance. (Ni d'ailleurs de faire la preuve d'une atteinte du stock : les patients DS que nous suivons par exemple, ne répondent pas à tous les critères de Shallice pour évoquer une telle atteinte du stock).

Concernant la prosopagnosie, il est moins facile de l'exclure même à évoquer un système sémantique unimodal, car cela renvoie à une autre dimension, qui n'est pas la modalité sensorielle d'entrée ni l'opposition verbal / non verbal. Il s'agit de la nature des connaissances dites sémantiques. On entre ici dans la question de l'effet de "familiarité" ou plus exactement de l'effet de l'expérience personnelle directe sur l'atteinte sémantique. Chez les patients DS, il semble que les connaissances faisant l'objet d'une expérience personnelle directe (visages de proches, domaines d'expertise par exemple) soient mieux préservées que des connaissances parfois plus universelles, collectivement, mais pas pour le patient. Certains y voient un biais lié à la préservation relative de la mémoire épisodique, d'autres y voient une réalité psychologique. C'est bien évidemment très complexe à tester.

En revanche, une chose est quasi-constante chez les patients DS que nous rencontrons, c'est l'effet facilitateur de l'image sur l'accès aux connaissances par rapport aux mots. Cela pourrait renforcer l'idée d'un effet modalité-spécifique, malheureusement à ma connaissance, cet effet facilitateur chez les témoins n'est pas assez pris en compte, et pourrait donc être un artefact. Le même argumentaire a été utilisé pour contredire l'existence d'effets catégorie-spécifiques.

Pour autant, dans des formes à prédominance droite initiale, les images peuvent parfois être plus délétères sur l'accès au sens que les mots. Dans d'autres cas, la plainte initiale ne concerne pas les mots, mais la reconnaissance des visages, et certains cas ont ainsi été décrits comme des "prosopagnosies progressives" (Evans et al., 1995, Brain). Dans ces cas, où l'évolution est souvent plus difficile au plan comportemental, la maladie suit pourtant son cours comme dans les formes gauches de DS, conduisant à une perte du sens quelles que soient les modalités testés. Ces cas de DS ne peuvent pourtant pas correspondre aux critères d'APPf, par définition. Par ailleurs, contrairement aux APPf, dans les DS les plus fréquentes (gauche), le trouble de compréhension de mots concrets apparaît pregnant d'emblée, c'est ce qui est souvent décrit comme perte du sens des mots et parfois évoqué par les patients comme une perte de "mémoire des mots". Enfin, certaines APP caractérisées par un trouble de la compréhension et un manque du mot sont parfois qualifiées de fluentes, sans pour autant présenter d'atteinte sémantique, il s'agit des APP "logopéniques" où le déficit de compréhension affecte davantage la syntaxe, et dont la pathologie sous-jacente est le plus souvent une MA. J'insiste sur ces exemples pour modérer ta lecture du papier d'Adlam stipulant que la DS serait une APPf + une agnosie et une prosopagnosie. Je crois que cliniquement, ces entités ne sont pas complètement superposables.

Pour conclure (désolé c'est un peu brouillon), je pense personnellement que les déficits des patients souffrant de DS sont assez peu compatibles avec l'idée d'un système sémantique multiple, mais qu'en revanche l'accès aux connaissances est très dépendant de la nature des connaissances en question, et que cet accès dépend de réseaux très localisés dans les pôles temporaux. Poursuivre la discussion, c'est aussi insister sur ta question "qu'est-ce-que la sémantique verbale ?". Ici je pense (cf http://www.jle.com/e-docs/00/0...ionPDF.pdf) que le français permet à bon escient de dissocier Langage et Langue, ce que l'anglais ne permet pas. La sémantique est sans doute plus proche de la langue, conçue comme marqueur culturel, que du langage, compétence hautement spécialisée chez l'humain. Cette langue dépasse la question du sens des mots pour renvoyer à des connaissances partagées par une communauté donnée.

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