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Une autre perspective sur l’étiologie de la « folie » de Nietzsche…


Steve

1 719 vues

Un article vient tout juste de paraître dans la revue Neurosurgery. Les auteurs, oeuvrant dans le domaine de la neurochirurgie, analysent le cas de Nietzsche d'une perspective différente. Ils ont tout d'abords fait une recherche bibliographique (en anglais et en allemand) sur tout ce qui porte sur l'état de santé de Nietzsche. Ils ont aussi examinés son dossier médical, ses écrits et les biographies publiées à son sujet. Enfin, ils ont analysés les photographies et les gravures de Nietzsche à partir de 1864 (au moment où il avait 20 ans).

Il semblerait qu'à partir de 24 ans, Nietzsche ait souffert de céphalées d'évolution progressive, typiquement au niveau frontal et le plus souvent du côté droit. Ces maux de tête étaient accompagnés de nausées et de vomissements, de troubles visuels et de douleurs aux yeux. À 30 ans, on dit qu'il était pratiquement aveugle de l'œil droit. La cause précise de la perte de sa vision droite est inconnue mais un ophtalmologue aurait soulevé l'hypothèse d'un processus inflammatoire intraoculaire. Les céphalées du philosophe survenaient périodiquement et le rendait improductif pour une durée de 4 à 9 jours.

En examinant ses écrits, les auteurs soulignent l'apparition progressive de symptômes psychiatriques en plus de ses souffrances physiques. On dit que ses écrits de 1884 (Thus Spoke Zarathustra) avait un caractère exubérant alors que dans son autobiographie, publiée en 1888, ses écrits avaient un caractère grandiose. Entre décembre 1888 et janvier 1889, Nietzsche aurait eu un épisode maniaque. Des amis se seraient en effet inquiété de recevoir des communications écrites du philosophe dans lesquelles il se décrivait comme un dieu.

À l'arrivée à l'asile de Basel, Nietzsche était suffisamment cohérent pour relater son histoire médicale mais clairement en épisode de manie. À l'examen neurologique, on souligne l'asymétrie des pupilles (droite plus grande que la gauche), un strabisme convergent, le pli nasolabial légèrement contracté à droite et la présence d'un réflexe patellaire. Le reste était sans particularités (entre autres aucun tremblement n'a été noté, ce qu'on s'attendrait dans un cas de syphilis). Il a par la suite été pris en charge par sa mère. On dit qu'après la période maniaque, Nietzsche est devenu aboulique et plus tard, il serait devenu passif avec une labilité émotionnelle. Dans les derniers moments de sa vie, il était akinétique et ne parlait pratiquement plus. La cause de son décès n'est pas connue (AVC? Pneumonie?). Aucune autopsie n'a été pratiquée.

Les auteurs suggèrent que l'histoire de céphalées latéralisées d'évolution progressive, de la parésie du nerf crânien III et l'hyperéflexie controlatérale pourrait suggérer la présence d'une masse intracrânienne, située près du canal optique mais probablement avec des effets de masse impliquant les régions fronto-temporales. Ils suggèrent que l'analyse de l'ossature du crâne de Nietzsche pourrait permettre de documenter cette hypothèse.

Owens, Schaller & Binder (2007). The Madness of Dionysus: A Neurosurgical Perspective on Friedrich Nietzsche. Neurosurgery, 61: 626-632.

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