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Petite leçon d'histoire : la psychologie et son évolution depuis le siècle des Lumières


DominiqueC

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Pierre Buser, neurobiologiste et membre de l'Académie des sciences présente, dans une vidéo très intéressante, certains faits historiques susceptibles de nous éclairer sur l'histoire de la psychologie. Il y a toujours un côté malheureusement austère à ce type de présentation, mais le contenu ne l'est pas pour qui souhaite comprendre un peu mieux d'où nous venons et où nous allons.

Dans son introduction, Pierre Buser souligne l'unité qui existait à l'époque des Lumières en Allemagne pour modéliser une psychologie en grande partie scientifique et autonome (Gestalt, Phénoménologie et Psychanalyse) alors qu'au même moment, la psychologie française était déjà confrontée à de nombreux conflits qui ont eu pour effet un attachement à la faculté de médecine.

Cette relation impossible au médical va conduire les psychologues de l'époque, non pas à suivre l'exemple allemand en s'autonomisant à travers une discipline à part entière, mais en s'opposant à cette filiation médicale en allant rejoindre les facultés de lettres et de littérature.

Pierre Buser n'hésite pas à souligner que la situation française a toujours été cacophonique, que cela soit au Siècle des Lumières ou par la suite. Il rappelle, malheureusement, à quel point il n'est toujours pas facile de collaborer avec des psychologues aujourd'hui.

S'en est suivie la période des deux guerres mondiales et l'avènement, après cela, des neurosciences qui ont "dévoré" tous les champs qui s'intéressaient à la cognition et en particulier la psychologie et la psychiatrie.

Pour Pierre Buser, l'intérêt des neurosciences a été de fédérer les chercheurs et d'améliorer les contacts entre des pays jusqu'à lors très différents.

Pour lui, les neurosciences ont également eu pour effet de provoquer la résurgence des émotions et de l'affectivité alors qu'elles n'étaient presque plus étudiées, faute d'outils et de méthodologies adaptées. En contrepartie, la psychologie est malheureusement devenue bipolaire dans son appréhension du mental humain avec deux champs distincts : la cognition et l'émotion.

Pierre Buser souligne qu'à côté de ces deux grandes thématiques, celle de la conscience n'a pas vraiment beaucoup avancé. Pour les savants esprits des Lumières, la conscience était le "subjectif" : pour cette raison elle a été ignorée en France et en Allemagne. Il y avait une sorte "d'hypocrisie" qui consistait à accepter la conscience comme un moyen de contenir notre subjectivité sans pour autant lui donner de l'importance et surtout discuter de la preuve de sa nature.

Actuellement, pourtant, les choses changent et de plus en plus de preuves fonctionnelles s'accumulent pour mettre en parallèle le phénomène de conscience et des mesures cérébrales. La conscience devient une "instance" de l'esprit qu'il faudra objectiver (chose impossible pour le moment). C'est l'un des plus grands défis pour Buser.

À l'opposé de la conscience était l'inconscient, une thématique essentiellement allemande au départ. D'abord Liebnitz qui, curieusement, l'évoque pourtant en français ("les petites perceptions", terme ensuite traduit en Allemand) pour définir ce qu'on ne perçoit pas. L'inconscient rationnel a continué d'exister chez Hegel, mais pour mieux glisser vers la pathologie mentale : ce sont les débuts de la psychanalyse (Freud et Breuer). En parallèle, l'inconscient rationnel/cognitif se développe en France, non pas chez les psychologues, mais chez les mathématiciens (Henri Poincaré, Laurent Schwartz...).

Le thème deviendra international grâce aux Américains avec le "cognitif and emotional incounscious".

La conclusion de Pierre Buser sur ce passage de l'histoire : l'évolution du Siècle des lumières à aujourd'hui est indéniable, mais la subjectivité en psychologie reste un grand problème. Aucun scientifique ne peut expliquer comment un stimulus objectif (un rayon de lumière par exemple) se transforme en impression subjective. Nous ne savons pas ce qu'est la subjectivité. Or le champ de la conscience ne peut avancer sans comprendre davantage comment nous passons de l'objectif au subjectif.

Pour Pierre Buser, beaucoup de scientifiques gardent toujours cette vision dualiste d'une coupure entre le physique et le psychique. Il est pourtant convaincu que la science finira par trouver la jonction entre les deux. C'est l'un des héritages des lumières : poursuivre le travail de déconstruction du dualisme pour réunifier le corps et l'esprit.

"Explorer l'esprit, cognition et émotion" intervention de Pierre Buser lors du colloque "Les Lumières: hier, aujourd'hui, demain" qui s'est déroulé les 7 et 8 février 2013 à Paris dans le cadre de la commémoration du 50ème anniversaire du Traité de l'Elysée.

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