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Lien social et maladie d'Alzheimer


DominiqueC

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Bernadette Puijalon, anthropologue, Maître de conférence, Université Paris XII filmée au Colloque européen « Bénévolat, citoyenneté et maladie d’Alzheimer » à Paris le 20 septembre 2011 par Agevillage nous délivre une réflexion très riche sur la question du lien social et de la place des personnes atteintes de maladie d'Alzheimer.

Personnellement, j'ai retenu ces idées ci:

Ce nouveau siècle a vu apparaître une dissociation entre âge social et âge biologique : nous sommes de plus en plus rapidement vieux sur le plan social tout en étant plus longtemps jeunes sur le plan biologique. Quel effet sur le lien social ?

Ni calculateur, ni altruiste, les humains ont longtemps été réciproques, mais cette réciprocité est en panne, les bénévoles le savent bien !

Notables de la mémoire, les personnes âgées atteintes de la maladie d'Alzheimer, sont confrontées à un paradoxe : elles perdent ce qui les engage dans la réciprocité, la transmission sociale qui transite par cette mémoire... Dans son propos autour de la réciprocité, Puijalon avance que les personnes atteintes d'Alzheimer trouvent leur rôle dans la mise en question du sens. Ils posent la question du sens.

Aujourd'hui, la société paye des professionnels pour qu'ils réussissent là où elle échoue en ne sachant pas comment résoudre la question de l'intégration et du sens. Pire, elle se défausse en imposant une obligation de résultat aux professionnels ! Il faut empêcher les "vieux" de mourir, mais... à moindre coût.

L'une des dérives se place dans le vocabulaire utilisé, très stigmatisant: EPHAD, GIR, UHR. Qui peut se sentir chez soi dans une UHR ? L'hospitalité a disparu dans l'accueil des personnes âgées alors qu'il a survécu à l'hôpital (CHU Centre Hospitalier Universitaire...)

Rôle des mots retenus dans les représentations négatives de la vieillesse: si les sigles et le vocabulaire technique sont importants, ils s'échappent des structures, migrent vers les médias et le grand public pour intégrer une représentation sociale de la vieillesse très négative.

Enfin, il existerait un abus des thérapeutiques envahissantes chez les personnes atteintes de la maladie d'Alzheimer: abus du mot thérapeutique ! musicothérapie, contothérapie, orthothérapie. Tout doit être mesuré, évalué... La prise de repas, à ce rythme, deviendra peut-être un jour un atelier de masticothérapie !

L'abus de thérapeutique, selon Puijalon, viendrait peut-être, en fin de compte, de l'absence de thérapie à l'heure actuelle.

Lorsque la logique gestionnaire pilote les pratiques jusqu'à les submerger, les corps sont soignés, mais les âmes sont déshonorées.

1 Commentaire


Commentaires recommandés

Ces réflexions sont vraiment intéressantes et se greffent sur l'ensemble du mouvement qui tend à remettre en question la vision actuelle de la "maladie D'Alzheimer" et du vieillissement.

Ce qui me frappe, c'est l'importance du médical dans notre société. On classe beaucoup de chose dans le domaine médical et on mets la pression sur ce secteur pour trouver une solution à des problèmes qui sont souvent plus large. La "maladie" d'Alzheimer est un très bon exemple mais n'est peut être qu'un stigmate d'une orientation actuelle de la société.

En renvoyant le problème au médecin et en les enfermant dans ce rôle de sauveur qu'ils ne peuvent assumer, on évite d'aborder les problèmes sous un angle de vue global.

Enfin, je fais aussi un lien avec le poids de l'héritage de Descartes. Ce cher René nous a offert un outil de pensée extrêmement puissant, qui a eut des apports dans bien des domaines, mais dans lesquel j'ai l'impression que nous sommes enfermés aujourd'hui.

La logique cartésienne ne convient à l'approche des phénomènes complexes. Or, les systèmes humains sont dynamiques et relève des logiques de la complexité.

Encore une fois je m'égare. :pardon:

Tout ça pour dire, que oui, il faut rééquilibré certaines représentations négatives, et oui, il faut surement retrouver un naturel de vivre ensemble, en s'adaptant aux difficultés, plutôt que de thérapeutiser tout.

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